Souffrez-vous d’un « déficit de nature »?

Marcher dans la nature

Marcher dans la nature

Nous savons que l’Ayurvéda recommande de vivre en accord avec toutes les lois de la nature. Les routines quotidienne ou saisonnière reposent sur ce principe fondamental qui  nous permet de respecter le cycle circadien qui influence notre physiologie comme notre cerveau mais aussi les nombreux cycles saisonniers dont nous savons qu’ils influent directement sur notre santé physique et mentale par leurs actions sur la flore intestinale. Une façon évidente de nous connecter aux rythmes de la nature est simplement de vivre en pleine nature. L’Ayurvéda considère que l’immersion en pleine nature permet de construire Ojas, ce sous-produit majeur de la digestion qui influence à la fois l’immunité et la longévité. Alors, qu’attendons-nous pour vivre en pleine nature ? Dans nos sociétés développées, vivre en pleine nature est un luxe réservé à une petite minorité. Les populations qui vivaient autrefois dans le vert en pleine campagne ont nourri le développement de centres urbains bétonnés, auxquels s’est ajouté en à peine un siècle une grave pollution qui affecte tous les milieux naturels, lacs, rivières, etc. Jusqu’à l’air que nous respirons, tout a été en effet pollué au nom du progrès industriel. Si bien qu’aujourd’hui, vivre dans en environnement naturel exige de s’éloigner le plus possible des centres villes où s’entasse aujourd’hui 50 % de la population mondiale. Seule une petite minorité peut opérer ce changement radical afin de vivre en pleine nature. Pour les autres, c’est-à-dire pour la majorité d’entre nous, il reste à s’immerger aussi souvent que possible dans un cadre plus naturel afin d’éviter de souffrir de ce que les spécialistes appellent désormais un « déficit de nature », un mal que la science moderne commence à étudier.

Une étude effectuée à la Harvard T.H. Chan School of Public Health a révélé une corrélation entre la vie dans une maison entourée de verdure et la longévité et la santé mentale[1]. Pour arriver à ce constat, les chercheurs ont épluché la vie de 108.000 femmes vivant aux Etats-Unis entre 2000 et 2008. Parmi de nombreux résultats, ils ont constaté qu’il y avait un risque 12 % plus faible de décès chez les femmes qui vivaient dans les environnements les plus verts[2]. Ils ont également été remarqué une mortalité inférieure de 13% en cas de cancer et de 34% en cas de problème respiratoire grave. Les chercheurs ont été surpris de découvrir que cette forte corrélation concernait également la santé mentale. Les femmes vivant dans les environnements les plus verts étaient en effet plus heureuses et moins déprimées. Ces découvertes sont en parfait accord avec  l’Ayurvéda. Celle-ci recommande de passer du temps dans la nature ou dans les espaces verts afin de construire Ojas, sous-produit final d’une digestion complète dont le processus nécessite 30 jours après la prise des aliments. Nous savons que la production d’Ojas dans la physiologie dépend essentiellement de l’alimentation, du mode de vie, du niveau de stress et du comportement[3]. Ces mêmes facteurs influencent également la qualité de la flore intestinale et de l’équilibre hormonal, et in fine la longévité[4]. Le moyen le plus efficace pour construire Ojas est de passer du temps dans la nature en faisant par exemple des randonnées régulières ou encore en marchant dans son jardin.  Rappelons que les aliments qui favorisent Ojas sont le lait cru de vaches nourries exclusivement dans les champs, le ghee obtenu à partir de ce lait, le miel, les amandes, le safran, la noix de coco, les dattes, l’Ashwagandha et le Shatavari. Il convient de consommer ces aliments uniquement s’ils sont de qualité biologique.

Marche automnale

Marche automnale

Un rapport réalisé au Royaume Uni par le Dr. David Buck, spécialiste rattaché à la Sécurité Sociale britannique, cite de nombreuses études montrant que le jardinage est également bénéfique aux personnes souffrant de cancer, de démence ou de problèmes mentaux. Dans sa conclusion, il conseille aux médecins généralistes du Royaume de prescrire systématiquement le jardinage à leurs malades. Les études citées montrent une réduction de 19% de la violence chez les patients atteints de démence s’ils séjournent à proximité de sites disposant de jardins. Le jardinage peut également réduire les niveaux de dépression, de solitude, d’anxiété et de stress. Il améliore l’équilibre des personnes âgées ainsi que la qualité de vie de patients atteints de maladies cardiaques ou souffrant d’obésité. Le rapport note en outre que les espaces extérieurs et les jardins réduisent à la fois l’isolement social chez les personnes âgées et aident les patients malades à se rétablir plus rapidement. En un mot, les activités en extérieur permettent de garder un meilleur niveau de bien-être. Au centre médical Bromley by Center Bow à Londres, les médecins prescrivent déjà le jardinage.

Les bienfaits du jardinage

Les bienfaits du jardinage

Des recherches plus poussées ont montré que le simple fait de marcher ou d’être dans la nature modifiait le fonctionnement du cerveau en diminuant les facteurs liés au  stress. Elles concluent que les citadins ont un risque plus élevé de souffrir d’anxiété, de dépression et d’autres maladies mentales que les gens qui vivent en dehors des zones urbaines, dans des contextes plus naturels et riches en verdure, ou même simplement ceux qui vivent à proximité de parcs dans les grandes villes. Les citadins qui fréquentent les milieux naturels montrent des niveaux inférieurs de cortisol, l’hormone du stress. Gregory Bratman, chercheur à la Stanford University, a étudié les effets psycho-émotionnels de la vie urbaine et de la vie en pleine nature. Dans une première étude, il avait constaté que les participants ayant marché, même brièvement, dans un espace vert luxuriant, montraient une nette diminution de l’anxiété et des pensée négative. Ils étaient en outre plus attentifs et plus heureux. Leur mémoire fonctionnait mieux que celle de participants ayant marché le long d’une voie avec un lourd trafic de voitures.

Pour apaiser Vata

Pour apaiser Vata

Dans une seconde étude, Grégory Bratman a cherché à examiner les mécanismes neurologiques qui pourraient sous-tendre de tels effets. Publiée l’an dernier dans Proceedings of the National Academy of Sciences[5], cette étude examine de plus près l’effet du temps passé dans la nature sur les pensées négatives et la concentration. Réalisée en double aveugle sur un échantillon de 38 personnes marchant pendant 90 minutes en ville et en dans un parc, elle a constaté une activité accrue dans le cortex préfrontal subgénual, la région ventro-médiane du cortex préfrontal. Les deux groupes de marcheurs ont obtenu des évaluations psychologiques et des scans du cerveau diamétralement opposés. Les pensées négatives et le flux sanguin vers le cortex préfrontal subgénual étaient bien plus élevés chez les personnes qui marchaient en ville par rapport à celles qui marchaient en pleine nature. Et Grégory Bratman de conclure que la marche en pleine nature apaise l’âme et rend notre voyage à travers la vie beaucoup plus paisible et agréable.

Marcher au bord de l'eau apaise Pitta

Marcher au bord de l’eau apaise Pitta

Pour surprenants qu’ils soient, ces résultats ne sont que la partie visible de l’iceberg. L’Ayurvéda va encore plus loin lorsqu’elle recommande un type de marche selon le dosha dominant de chaque personne ou selon le déséquilibre du moment. La personne dont le mental s’emballe, signe évident d’un déséquilibre de Vata, notamment du sous dosha Prana Vata, devraient marcher pieds nus sur la terre ou l’herbe quelques minutes chaque jour en portant leur attention sur les pieds. Pour équilibrer la nature froide de Vata, il leur suffit de passer un peu de temps au soleil. Si le dosha Pitta est déséquilibré et que la personne se sent irritable, l’Ayurvéda lui recommande de marcher lentement le long d’un plan d’eau naturel, mer, lac, rivière, etc. L’influence rafraîchissante de l’eau va apaiser l’excès de feu. Ceux qui vivent loin de tels lieux peuvent se coucher dans l’herbe d’un jardin ou d’un parc. La couleur des plantes vertes, le ciel bleu et la terre auront un effet apaisant sur le dosha Pitta. En cas d’excès de Kapha, marqué par un fort sentiment  de paresse et de léthargie, marcher d’un pas rapide dans une atmosphère vivifiante. Un bord de mer au moment où il y a du vent comme c’est souvent le cas en Bretagne serait idéal. Il est également possible de marcher la nuit afin de regarder les étoiles et ressentir l’étendue infinie de l’univers.

Jo Cohen

 

 

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[1]                              “Exposure to Greenness and Mortality in a Nationwide Prospective Cohort Study of Women” Peter James, Jaime E. Hart, Rachel F. Banay, and Francine Laden, Environ Health Perspect; DOI:10.1289/ehp.1510363

[2]                              “Study Links Green Spaces to Longer Lives for Women” Robert Preidt

[3]                              “Giving peace a chance: oxytocin increases empathy to pain in the context of the Israeli-Palestinian conflict” Shamay-Tsoory SG, Abu-Akel A, Palgi S, Sulieman R, Fischer-Shofty M, Levkovitz Y, Decety J. Psychoneuroendocrinology. 2013 Dec;38(12):3139-44. doi: 10.1016/j.psyneuen.2013.09.015. Epub 2013 Sep 22.

[4]                              “Gut feelings: the emerging biology of gut-brain communication”. Mayer EA. Nat Rev Neurosci. 2011 Jul 13;12(8):453-66. doi: 10.1038/nrn3071.

[5]                              “Nature experience reduces rumination and subgenual prefrontal cortex activation” Gregory N. Bratman, J. Paul Hamilton, Kevin S. Hahn, Gretchen C. Daily and James J. Gross. PNAS, CrossMark, Current Issue, Gregory N. Bratman,  8567–8572, doi: 10.1073/pnas.1510459112

 

8 réflexions sur « Souffrez-vous d’un « déficit de nature »? »

  1. JACQUELINE

    Bonjour JO
    Merci pour cet article qui nous apprend des choses en fait tellement simples à suivre, chaque jour, on peut toujours trouver un lieu calme de verdure où marcher, où se reposer, près d’un point d’eau, ou autre.
    la nature est notre mère comme l’est la terre, mais on l’oublie souvent dans nos vies actuelles où il faut aller vite, être au centre des villes pour travailler ou autre…..
    revenons commes les anciens aux choses simplies naturelles faciles à portée de main…………
    belle semaine
    amicalement
    Jacqueline

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  2. Joël

    Bonjour à tous dans votre diversité d’être.
    En trente ans d’exercice de la médecine, tous mes « canaux » ouverts pour capter les ressources thérapeutiques et de bien-être là où elles se trouvent: dans ces milliers et milliers de témoignages verbaux mais surtout physiques des personnes qui sont passées dans mon cabinet et dans ma vie (car, oui, un être heureux, on le reconnaît instantanément si on sait le regarder; et un être en bonne santé physique et mentale de même) alors je veux en témoigner. Ceux qui vivent en communion avec la nature, et tout particulièrement qui « font leur jardin » s’assurent une longue vie, une vie heureuse, une vie avec la meilleure santé possible, une vie de vérité. Loin de toutes les apparences dont le culte mine nombre d’entre nous. Ceci est un plaidoyer pour ce retour aux sources. En tant que rhumatologue, je vois (je ne peux même pas dire je soigne!) des quasi centenaires qui connaissent le plaisir intense de planter des fleurs dans leur jardin en s’émerveillant de leur floraison, de cueillir leurs premières fraises (« bio » évidemment, mais comme les paroles de M. Jourdain étaient de la prose sans qu’il le sache!) et de marcher dans les bois en cueillant ici des champignons, là des mûres et en faire des confitures pour leurs petits enfants. Et surtout en étant remplis de gratitude pour tous ces bienfaits qui leurs sont offerts. Vous tous connaissez ces gens-là aussi bien que moi, regardez les vivre et vous aurez la connaissance… En Inde, ceci s’appelle AyurVeda: science de la longévité.
    Encore merci de travailler ensemble pour la Vie, la vraie.

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    1. Jo COHEN

      Bonjour Joël

      Un grand merci pour votre témoignage qui vaut plus qu’une étude et dont je suis sûr les lecteurs de ce blog sauront tire la substantifique moelle.

      Cordialement
      Jo

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  3. costa

    bonjour monsieur jo Cohen
    qu elle plaisir de lire vos articles et comme je me reconnais parmi les conseils sur la nature je le fait instinctivement de marcher pied nu dans la rose du matin , de m allonger sous un chêne et d écouter le chant des oiseaux , je me suis relever d une grosse d pression il y a 30ans grâce a la nature j avais besoin de voir du vert je ne me supportais plus ds cette grande ville et la nous avons déménager pour la campagne et petit a petit j ai surmonté ma dépression sans médicament juste de oligoélément

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