Substance récréative pour les uns, drogue thérapeutique pour les autres, le cannabis[1] suscite un énorme engouement dans nos sociétés où, en à peine quelques années, il a pris une place prépondérante alors que sa consommation est toujours illégale dans la plupart des pays occidentaux. Légaliser sa consommation comme celle du tabac ou de l’alcool ? Autoriser sous contrôle médical son usage thérapeutique dans les hôpitaux? Quels sont les effets à court et à long terme sur le consommateur occasionnel ? Qu’en est-il alors du consommateur régulier ? Des jeunes ? Alors que la classe politique reste largement divisée sur toutes ces questions, beaucoup de parents s’interrogent sur la position à adopter car il est question de la santé de leurs enfants. Bien triste record, les Français seraient à l’âge de 16 ans les premiers consommateurs de cannabis en Europe. Les jeunes sont confrontés au cannabis alors qu’ils fréquentent encore le collège ou le lycée. Le phénomène a pris de l’ampleur. Aujourd’hui, il représente 80% de la consommation de l’ensemble des drogues. On estime entre quatre et cinq millions le nombre de consommateurs dans l’hexagone. Plus d’un million seraient de consommateurs réguliers. Les jeunes adultes, de 15 et 34 ans, sont particulièrement concernés.
Les tenants d’un usage récréatif affirment à juste titre que le cannabis est « un produit naturel » issu du chanvre, plante connue depuis la nuit des temps et utilisée dans de très nombreuses civilisations. Ses effets psychotropes résultent des cannabinoïdes[2] qu’elle contient, principalement le tétrahydrocannabinol (THC). Sa concentration diffère selon qu’il s’agit de la plante entière (cannabis), de la ‘marijuana’ (fleurs femelles non fécondées et séchées) ou du haschisch (résine du chanvre beaucoup plus riche en THC). Consommé couramment avec du tabac, le cannabis peut l’être aussi en infusion, en vaporisation ou dans un gâteau. Dans le sillage des Pays Bas, de plus en plus de pays dépénalisent la possession d’une petite quantité de cannabis – quantité dite pour « consommation personnelle » – et en autorisent l’usage à des fins thérapeutiques. C’est entre autre le cas du Canada, de l’Australie, du Royaume-Uni, de la Nouvelle-Zélande ainsi que d’une vingtaine d’Etats américains.
Les effets du cannabis sont largement documentés. Les cannabinoïdes diminuent la tension artérielle et musculaire, provoquant une sorte de « détente euphorique » avec l’impression de flotter. Le cœur bat alors plus vite, les yeux rougissent, la mémoire diminue, la bouche devient sèche et l’appétit augmente. Ces effets sont suivis parfois d’attaques de panique ou de bouffées délirantes qui conduisent leurs victimes aux urgences des hôpitaux. Les effets à long terme sont également documentés. Ainsi, une récente étude[3] montre que l’usage régulier réduit le QI de 3 à 6 points chez l’adulte et de 8 points chez ceux qui ont commencé leur consommation à l’adolescence. Le très sérieux magazine Lancet confirme ces résultats dans une étude montrant que les adolescents qui consomment régulièrement ont 60 % plus de risques de ne pas terminer leurs études secondaires. Ils ont en outre sept fois plus de chances de faire une tentative de suicide et huit fois plus de passer aux drogues « dures ».
Que retenir des nombreuses études réalisées à son sujet sinon que la consommation récréative de cannabis pendant l’adolescence interfère avec le bon développement du cerveau, pouvant entraîner à terme des troubles psychotiques. Le mécanisme est bien connu : le THC imite de manière grossière le fonctionnement à la demande des endocannabinoïdes produits naturellement par le système nerveux et le système immunitaire. Résultat ? Les récepteurs des cannabinoïdes sont activés en permanence. L’imagerie médicale montre alors d’importants changements dans le fonctionnement du cerveau, notamment l’apparition de « trous » fonctionnels. Le volume de matière grise corticale se réduit progressivement. La schizophrénie induite par le cannabis résulte d’une distorsion de la maturation du cerveau des adolescents qui consomment du cannabis. Le THC nuit donc au développement des aires corticales préfrontales, chargées de guider nos pensées comme nos émotions, ce qui aggrave le caractère addictif de cette substance.
Quant à l’usage thérapeutique du cannabis, il est également connu depuis la nuit des temps. La médecine moderne s’intéresse depuis un peu plus de quarante ans à ses effets bénéfiques comme à ses effets secondaires. Dans les pays qui autorisent ce type d’usage, certains médecins préconisent le cannabis pour traiter des maladies aussi disparates que l’hyperactivité de l’enfant[4], l’autisme, la dépression, la schizophrénie, l’insomnie, la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer ainsi que des maladies plus courantes comme l’ulcère, la diarrhée, la migraine ou les maladies auto-immunes. Ses effets anti-douleur et anti-nauséeux sont préconisés dans le cas de patients atteints de cancers. Toutefois, lors d’expérimentations sur des volontaires sous chimiothérapie, 10 % ont abandonné le cannabis à cause d’hallucinations, de paranoïa, de dépression ou d’hypotension. De très nombreuses études scientifiques tentent d’évaluer avec précision les risques et les bénéfices d’un tel usage.
Le cannabis n’est pas un inconnu pour l’Ayurvéda. Ses propriétés sont décrites dans les textes ayurvédiques depuis des milliers d’années. Ainsi, la plante, considérée comme mineure, déséquilibre les doshas, stimule les délires, ralentit la parole et augmente le feu digestif. Pas étonnant que l’Ayurvéda Maharishi mette en garde contre l’usage récréatif du cannabis : « il est toxique pour le corps comme pour l’esprit » précise le Docteur Mark Toomey, directeur du Centre d’Ayurvéda Maharishi The Raj à Fairfield (Iowa). Il est utilisé à de très petites doses en tant que composant dans certaines préparations digestives, mais jamais de manière isolée. Le Docteur Mark Toomey précise qu’aucune de ces préparations n’est vendue hors de l’Inde. L’Ayurvéda Maharishi estime que l’usage récréatif du cannabis crée de l’ama dans la physiologie et perturbe la digestion et l’intellect. Il bouleverse aussi les équilibres hormonaux. En outre, ajoute le Docteur Mark Toomey, « ses effets sont aux antipodes du développement des états supérieurs de conscience obtenus par la pratique régulière de la méditation transcendantale ». C’est pourquoi cette plante est connue pour favoriser l’erreur de l’intellect – pragyah aparadah en sanscrit. De quoi s’agit-il exactement ? L’erreur de l’intellect est considérée dans l’Ayurvéda Maharishi comme la source ultime de tous les maux et de toutes les maladies car la connexion avec la source non manifestée de la vie est alors perdue de vue.
Comment se traduit le déséquilibre du mental avec le cannabis ? Sa consommation aggrave Rajas (voir à ce sujet http://la-voie-de-l-ayurveda.com/mettez-plus-de-joie-dans-votre-vie-en-developpant-votre-sattva/), d’où une augmentation de l’appétit et de l’agressivité de consommateurs réguliers. Elle aggrave aussi Tamas, favorisant les états dépressifs, la fatigue, les pensées incohérentes ou encore la perte de mémoire. Sa consommation interfère également avec ojas (voir a ce sujet http://la-voie-de-l-ayurveda.com/conseils-pour-favoriser-la-production-dojas/), clef de l’immunité et de l’équilibre à tous les niveaux de l’esprit et du corps. Ojas est également associé à Shukra, le tissu reproductif. Des recherches récentes montrent que l’utilisation du cannabis diminue le niveau de testostérone chez l’homme ainsi que le nombre et la qualité des spermatozoïdes. La perte de la stabilité mentale – Unmaada en sanscrit, littéralement déficience profonde du jugement, de la perception et de la clarté du mental – révèle une aggravation des trois doshas par perversion de l’esprit, de l’intelligence, de la conscience, de la mémoire, du désir, des mœurs, du comportement et de la conduite. Vata Unmaada se caractérise des attitudes incohérentes dans le discours, le rire, la danse ou le chant, Pitta Unmaada par une excitation inappropriée et Kapha Unmaada par la paresse, l’aversion pour la propreté, l’envie de rester au même endroit, la lenteur du discours, etc. Si certains rituels utilisés par les chamanes ou même certains yogis en Inde prétendent que le cannabis contribue à la santé et a l’illumination, l’Ayurvéda Maharishi affirme le contraire. « Les recherches scientifiques les plus récentes montrent que l’expérience de l’illumination dépend essentiellement l’intégration du cerveau » rappelle à ce sujet le Docteur Mark Toomey.
Jo Cohen
– Si vous avez aimé cet article, merci de le recommander à vos amis en cliquant sur le logo de votre réseau social préféré (Facebook, Linkedin, Twitter, Google +).
– Vous pouvez aussi recommander l’ensemble du site à vos proches sur la page La Voie de l’Ayurvéda de Facebook afin de les faire bénéficier de cette précieuse connaissance. Je vous en remercie par avance.
– Vous pouvez laisser un commentaire.
– En vous inscrivant sur la liste La Voie de l’Ayurvéda, vous serez averti par email chaque fois qu’un nouvel article sera publié. En outre, vous recevrez en cadeau un livret de 40 pages expliquant les différentes étapes de la « Minicure Ayurvédique à domicile ».
Quelques sites pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet :
http://www.msrc.co.uk/index.cfm/fuseaction/show/pageid/1815/
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1503422/
http://www.drugabuse.gov/publications/research-reports/marijuana-abuse/there-link-between-marijuana-use-mental-illness
http://aje.oxfordjournals.org/content/156/4/319.full
http://www.drugabuse.gov/publications/research-reports/marijuana-abuse/there-link-between-marijuana-use-mental-illness
http://www.time.com/time/health/article/0,8599,2005559,00.html
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2900481/
http://www.zmescience.com/medicine/genetic/researchers-find-marijuana-spreads-and-prolongs-pain/
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21466751
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20624444
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0028390807001980
http://www.cogsci.ucsd.edu/~pineda/COGS260/marijuana/Cannabinoids%20and%20PFCtx.pdf
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16163518
http://www.druglibrary.org/crl/behavior/jentsch-01.pdf
http://www.drugabuse.gov/publications/research-reports/marijuana-abuse/marijuana-addictive
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1575338/
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3052937/
http://www.calgarycmmc.com/cognativeeffects.htm#733759594
http://www.columbia.edu/cu/record/archives/vol20/vol20_iss10/record2010.24.html
http://www.marijuana-detox.com/news-left.htm?aid=49
http://www.mrc.ac.uk/Newspublications/News/MRC006135
http://www.sciencedaily.com/releases/2009/06/090615095940.ht
http://www.ecnis.org/index.php?option=com_content&task=view&id=1130&Itemid=144
http://www.drugfree.org/drug-guide/marijuana
http://www.decp.org/documents/index.cfm?fa=document&document_type_id=3&document_id=450&subtype_id=
http://www.sciencedaily.com/releases/2009/08/090805110741.htm
http://www.beckleyfoundation.org/pdf/hall_HealthAndPsychologicalEffects_2001.pdf
http://cyber.law.harvard.edu/evidence99/marijuana/Health_1.html
http://www.drugabuse.gov/publications/research-reports/marijuana-abuse/how-does-marijuana-use-affect-school-work-social-life
http://www.drugabuse.gov/publications/research-reports/marijuana-abuse/does-marijuana-use-affect-driving
http://www.drugabuse.gov/publications/research-reports/marijuana-abuse/can-marijuana-use-during-pregnancy-harm-baby
http://www.nytimes.com/2009/07/19/fashion/19pot.html?pagewanted=all
[1] Son nom latin est Cannabis sativa L.
[2] La fumée de cannabis contient 400 composés dont 60 cannabinoïdes. Toutefois, en raison de sa faible combustibilité, elle contient 50% d’hydrocarbures aromatiques polycycliques, y compris les plus cancérigènes comme la naphtalène, l’anthracène et le benzopyrène de la fumée de tabac.
[3] Elle a été réalisée en Nouvelle Zélande en 2012.
[4] Trouble connu du déficit de l’attention.
Mr Cohen, je me permet de vous poser une question : que pensez vous de l’ayahuesca et des thérapies proposées par certains sites ou associations, pour sortir de la spirale du cannabis, ou autres drogues ?
Bonjour Colette
J’aurais tendance à me méfier de cette préparation qui a de nombreux effets secondaires, parfois très graves.
Le mieux serait d’avoir recours à l’Ayurvéda avec l’aide d’un professionnel ayant l’expérience des addictions. Dans les grandes lignes, il recommandera un long Panchakarma, une routine régulière avec des compléments alimentaires et aussi la pratique de la méditation transcendantale qui seule peut cobler les trous qui se sont installés dans le cerveau de la personne.
Bon dimanche à vous
Jo
Bonjour Jo Cohen
Quels complément alimentaire doit-on prendre en cas d’addiction ( pas forcément au cannabis) ?
Chaleureusement.
Bonjour Ludovic
Il n’y a pas de complément spécifique pour les addictions. Je sais qu’un Panchakarma est fortement recommandé comme premier traitement.
Puis le médecin ayurvédique évalue ce qui convient. L’Amrit Kalash aidera à améliorer la santé en général.
Cordialement
Jo
oui je pense qu’il vaut mieux se méfier et s’abstenir des ces pratiques shamaniques, dont le côté hallucinogène » fascine » certains occidentaux…..
Mon expérience avec le cannabis m’a laissé de lourdes traces, et effectivement, même à titre récréatif, sa quotidienneté est un anesthésiant du cerveau ! je dirai même c’est une plante » viscieuse » qui nous fait croire qu’on est plus » clairvoyants » , non c’est une fuite en avant .
Des années aprés, voyant les résultats autour de moi….. ils sont catastrophiques !
la dépendance au cannabis s’estompe assez vite, celle du tabac ou de l’alcool est beaucoup plus hard ! alors oui un Panchakarma est la solution ! L’Inde du sud ou Rishikesh ! merci à vous pour votre blog , il est vraiment trés trés intéressant . Cordialement .
Bonjour Colette
votre expérience valide le point de vue de l’Ayurvéda.
Une cure de Panchakarma serait idéale pour restaurer le bon fonctionnement de la physiologie, du cerveau, etc.
Soyez vigilante car au sujet des centres de cure en Inde, le pire côtoie le meilleur.
La méditation est aussi vivement conseillée car elle restaure les connexions neuronales détruites.
Bon courage dans votre démarche
Cordialement
Jo
Salut Colette
Pour te libérer du tabac il existe le kudzu très utilisé en médecine chinoise. J’ai donné ces compléments alimentaire à ma mère et à mon oncle et ils ont étaient très satisfait du résultat.
Amicalement.
Salut
Article détaillé, particulièrement intéressant pour les fumeurs.
Sinon en fin d’article tu site que les yogis et chamanes utilisent le cannabis pour atteindre l’éveil. Pourtant dans la tradition tibétaine aucun yogis n’utilisent le cannabis. Pour les chamanes c’est pareil, je n’ai jamais vu un chamane conseillé la consommation du cannabis. Les chamanes utilisent plutôt l’ayahuasca à des fin spirituels mais le cannabis ça m’étonnerais ( voir l’interview de rockin squat sur le sujet https://www.youtube.com/watch?v=iOrSXW4D8NM ).
Après il n’est pas impossible que j’ai tord 😉
Bon week-end.
Bonjour JO
Merci pour cet article très intéressant qui expose les méfaits du cannabis, et aussi les bienfaits thérapeutiques à utiliser avec beaucoup de précaution.
Je ne connaissais pas la position de l’Ayurveda par rapport au cannabis, la réponse est très claire.
C’est bien de faire passer ces messages dans la société actuelle dans laquelle tant de personnes ne se sentent pas à leur place, expriment un mal être, et je suis d’accord avec toi Jo, pour les personnes qui veulent décrocher, un praticien ayurvedique peut aider dans ce chemin même si ce chemin sera long.
bon dimanche
amicalement
Jacqueline
Bonjour,
J’ai trouvé votre article très intéressant et me permet de vous adresser ce message!
Que me conseillerez vous pour arrêter la marijuana qui m’aide à me detendre et dormir? J’en fume un à 2 tous les jours uniquement le soir pour me relaxer !
Merci par avance
Alex
Bonjour Alex
Le mieux serait de commencer par une cure de Panchakarma pour faire un nettoyage en profondeur de la physiologie.
La durée de la cure sera décidée en fonction de votre état.
Il faudra ensuite adopter une routine ayurvédique associée à des pratiques de Yoga pour la relaxation.
Quand votre état sera amélioré que la consommation de cannabis sera stoppée, je vous conseille d’apprendre la méditation transcendantale.
En attendant, vous pouvez lire l’article sur arrêter de fumer en quatre étapes sans efforts.
Bon courage
Jo
Bonjour, POuvez-vous me suggérer un site en anglais, notamment sur l’hypertension?
Merci
Bonjour Marise
Je ne connais pas de site dédié à l’hypertension. En revanche, il y a des centaines de sites dédiés à l’Ayurvéda en anglais.
Tapez « Ayurveda heart dioseases » sur Google et vous trouverez.
Je vous conseille aussi de regarder du côté des magazines de Yoga qui ont de belles pages d’Ayurvéda.
Cordialement
Jo
Très intéressant, merci !
Bonjour
J’ai tout lu avec une très grande attention
Je voudrais être en contact avec un praticien en ayurveda qui a l’experience des addictions
Pouvez vous me donner des centres en inde ou dans un autre pays
Mon fils va mal Il faut absolument que je trouve la solution
en vous remerciant
Monique
Bonsoir Monique
Adressez-vous dans un premier temps à Dominique Touillet, CRFM, il est près d’Angers.
Ses coordonnées sont sur Google. Il a un excellent diagnostic et ses services sont de qualité.
S’il faut une très longue cure, notamment en Inde, je vous proposerai une autre piste.
Jo Cohen